Voici quelques jours, l’ensemble de la France se lamentait sur le naufrage d’une équipe de football qui était, pourtant, à l’image de ce que devient le pays puisqu’on y trouvait des conflits de bandes, de l’islamisation, de l’incompétence aux positions de commandement et, même, une atmosphère de grève.
Depuis, les gros titres des journaux ont changé, et pendant quelques jours, il n’a été question que de l’affaire Bettencourt, d’Éric Woerth, d’enveloppes mystérieuses.
Je ne sais ce qui viendra ensuite. Ce que je sais est que, lorsque je titrais, voici quelques semaines, un article « décomposition européenne», je portais un diagnostic dont, et j’en suis triste, la pertinence ne cesse de se renforcer.
L’élection de Nicolas Sarkozy a pu constituer un maigre espoir de rupture et de sursaut qui s’est trouvé très vite déçu et, trois années plus tard, le bilan est pire que nul : les zones de non-droit s’accroissent et la tolérance zéro ne s’applique qu’aux automobilistes, le chômage de longue durée et la pauvreté s’incrustent. Les déficits explosent. Plutôt que de relancer l’investissement, n’a été mis en place qu’un malingre « bouclier fiscal » qui ne relance rien.
Après des discours incohérents mêlant fragments de socialisme et zestes d’écologisme, volontarisme industriel inadapté au XXIe siècle et comportements bonapartistes, voici venu le temps des rafistolages et des expédients, avec une réforme des retraites censée sauver le système par répartition et la nécessité affichée de freiner les dépenses publiques pour éviter une banqueroute qui se profile.
La population est frappée d’un profond malaise, mais les alternatives à la médiocrité désordonnée, au pouvoir aujourd’hui, sont inexistantes. L’extrême-gauche léniniste et trotskyste n’est porteuse que de désordre et de destruction nihiliste. L’extrême-droite ne propose rien, sinon de la xénophobie, la reprise du discours « tous pourris », et un repli crispé sur une France qui n’existe plus depuis des décennies.
Le parti socialiste reste fidèle à sa réputation de parti le plus stupide d’Europe : quand Martine Aubry ne se prosterne pas devant un imam pour récolter minablement des voix en adoptant la posture courbée du dhimmi, elle reprend des discours qui ont dû être innovants il y a un siècle et demi. Strauss-Kahn est, au moins, un socialiste intelligent, mais, derrière lui, que de bêtise !
L’automne qui vient va apporter son cortège de grèves, d’immobilismes, de pétrifications. Dans le reste de l’Europe, ce n’est pas mieux. L’Allemagne, provisoirement, est gérée de façon plus saine, mais ne pourra échapper aux conséquences du vieillissement démographique. Le Royaume-Uni a un chancelier de l’Échiquier lucide sur la situation et qui tient le discours churchillien que Nicolas Sarkozy n’a pas su tenir en 2007, mais il appartient à une coalition hétéroclite sans ligne claire. Quelques pays vont un peu mieux au Nord, à l’Est. Les pays du Sud sont dans un état de délitement lent.
Des réponses pourraient exister, mais il n’y a quasiment personne pour les porter, pas de grands médias pour les relayer, et les peuples européens sont fatigués.
Le seul espoir de survie de l’Europe à moyen terme, et la seule possibilité pour elle d’échapper à un crépuscule barbare, seraient que les États-Unis se redressent. Plus que jamais, l’échéance électorale qui compte, celle vers laquelle tous les regards devraient être tournés, est celle du 2 novembre prochain. Ou bien les démocrates garderont la majorité dans les deux chambres du Congrès, et les dés seront jetés : le futur du monde pour les prochaines années se décidera entre Moscou, Pékin et Téhéran. Ou bien les démocrates perdront la majorité dans l’une ou les deux chambres et un espoir sera possible.
L’information étant ce qu’elle est en France, on espérera unanimement qu’Obama et les démocrates puissent achever de saborder l’Amérique. L’amour de la réussite implique qu’on souhaite que le dynamisme survive. Le ressentiment et l’envie impliquent qu’on se suicide soi-même et qu’on souhaite de façon perverse que ceux qui incarnent le dynamisme se suicident aussi. Le ressentiment et l’envie prédominent aujourd’hui en France et en Europe.